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La lettre Thyroïde de la SFE - février 2011
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L'échographie : une machine à cash ? On sait à quel point, sorti de son contexte, tout propos apparaît partial, partiel et tendancieux. Ainsi faut-il percevoir l'intertitre du Figaro du 15 décembre 2010 tiré de l'article dénonçant justement les « Actes médicaux inutiles : des milliards gaspillés ». Interviewé sur le travail qu'il a piloté durant un an pour la Fédération hospitalière de France et transmis à l'Assurance maladie, le Professeur René Mornex prône le retour à une médecine sobre, souligne l'opportunité de mieux rémunérer les consultations cliniques, le travail intellectuel des médecins, et ce « afin d'éviter, par exemple, que certains endocrinologues considèrent l'échographie comme "une machine à cash" pour compenser la faible valorisation du reste de leur travail ». En aucun cas les propos de notre collègue, membre de l'Académie nationale de médecine, aux mérites immenses au service de l'endocrinologie, ne sauraient ternir les efforts constitués depuis 10 ans pour promouvoir l'accès des endocrinologues à une formation spécifique au sein du DIU d'échographie. Celle-ci avait été durement négociée auprès des radiologues, avec le soutien de la SFE et du Conseil national des universités d'endocrinologie. L'inlassable travail éducatif d'une Laurence Leenhardt, d'un Hervé Monpeyssen, d'un Jean Tramalloni doit être reconnu. L'échographie participe à l'évaluation morphologique, fonctionnelle, étiologique et pronostique des maladies thyroïdiennes, parathyroïdiennes, ovariennes, etc. C'est l'examen le plus performant pour la reconnaissance précoce de l'auto-immunité antithyroïdienne, pour le guidage des ponctions aux fins d'études cytologiques, pour le choix thérapeutique des dysfonctions liées aux surcharges iodées, pour la définition de l'état de rémission des maladies de Basedow médicalement traitées, etc. Sans parler de son opportunité dans les dystrophies ovariennes, certaines particularités testiculaires, l'évaluation vasculaire… L'échographie est désormais une machine indispensable à la pratique actuelle et future des thyroïdologues et des endocrinologues. Orientée et ciblée, elle est le complément naturel de leur abord clinique et intellectuel de la maladie. Ils y sont incités. Nul ne saurait les en priver. |
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Une scintigraphie thyroïdienne indiquée dans l'exploration d'une hypothyroïdie !
Références bibliographiques 1. Moaddab MH, Siavash M. Images in clinical medicine. Lingual thyroid. N Engl J Med 2008;358(16):1712. |
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Hypertrophie ventriculaire gauche et hyperthyroïdie infraclinique : Dörr M, Ittermann T, Aumann N et al. Subclinical hyperthyroidism is not associated with progression of cardiac mass and development of left ventricular hypertrophy in middle-aged and older subjects: results from a 5-year follow-up. Clin Endocrinol (Oxf) 2010;73(6):821-6. L'hyperthyroïdie avérée est associée à une hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) et à une augmentation de la masse cardiaque. L'HVG est un marqueur de risque cardiovasculaire et a été associée à un risque accru d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité cardiovasculaire. Si l'association entre hyperthyroïdie infra-clinique (HIC) et fibrillation auriculaire (FA) est bien établie, l'augmentation éventuelle de la mortalité cardiovasculaire dans l'HIC reste controversée. Les données portant sur l'HVG dans l'HIC sont, elles aussi, discordantes. Il s'agissait toujours d'études transversales sur de petits effectifs. ................................................................................................................................................................................. Prévalence autopsique des cancers médullaires de la thyroïde occultes Valle LA, Kloos RT. The prevalence of occult medullary thyroid carcinoma at autopsy. J Clin Endocrinol Metab 2011;96(1):E109-13. Le cancer médullaire de la thyroïde (CMT) est une pathologie rare (4 % des cancers thyroïdiens) dont le marqueur sensible et spécifique est la calcitonine (CT). Sa prévalence estimée dans plusieurs études européennes varie entre 0 et 1,1 %. Cette variation est due à l'effectif des patients inclus et à un possible effet centre pour les valeurs les plus élevées. On peut raisonnablement admettre que cette prévalence se situe autour de 0,4 % quand les pièces opératoires thyroïdiennes ont été incluses en totalité. L'utilisation du dosage de CT en pathologie nodulaire thyroïdienne est l'objet de controverses depuis plusieurs années. Certains éléments nécessaires pour qu'une évaluation systématique de la CT en pathologie nodulaire soit jugée satisfaisante par l'OMS ne sont pas encore connus. Parmi ceux-ci figure la prévalence des CMT occultes. ................................................................................................................................................................................. Faut-il contrôler la cytologie thyroïdienne ? van Roosmalen J, van Hemel B, Suurmeijer A et al. Diagnostic value and cost considerations of routine fine-needle aspirations in the follow-up of thyroid nodules with benign findings. Thyroid 2010;20:1359-65. La ponction-cytologique est l'examen clé du diagnostic pré-opératoire des nodules thyroïdiens. Si la méthode est globalement sensible et spécifique, le résultat peut être malgré tout faussement rassurant dans une faible proportion de nodules malins (2 à 5 %). De ce fait, lorsque la ponction est en faveur de la bénignité, certaines équipes suggèrent de réaliser, malgré tout, systématiquement, une deuxième ponction pour réduire la proportion de faux négatifs de l'examen alors que d'autres n'effectuent un nouveau contrôle qu'en cas de modification clinique (augmentation de volume, apparition d'une gêne fonctionnelle, etc.). Le travail récemment publié dans la revue Thyroid s'est intéressé à la valeur diagnostique et aux coûts respectifs de ces deux stratégies de suivi. ................................................................................................................................................................................... L'élastographie change-t-elle la prise en charge des nodules thyroïdiens ? Depuis 2005, l'élastographie évaluée par ultrasons (US elastographie, USE) a été ajoutée à l'arsenal diagnostique des nodules thyroïdiens. Il s'agit d'une nouvelle technologie dont le principe est d'appliquer au cours de l'examen échographique une pression sur la colonne tissulaire à étudier (d'où la dénomination d'USE de contrainte) afin d'évaluer par une échelle colorimétrique la "déformabilité" et donc l'élasticité du nodule par rapport au tissu sain avoisinant (1). Le nodule étudié sera d'autant plus à risque de malignité qu'il sera rigide ou faiblement élastique. La plupart des études sur le sujet ont été reprises par J. Bojunga et al. au cours d'une méta-analyse publiée en 2010 (8 études, incluant un total de 530 patients, soit 639 nodules) (2). Dans cette étude, les auteurs reportent une sensibilité de 92 % et une spécificité de 90 % pour le diagnostic de malignité. L'édition de The Journal of clinical endocrinology and metabolism de décembre 2010 consacre une place importante à cette technique avec la publication de 2 études originales (3, 4) accompagnées de leur éditorial (5). F. Sebag et al. (3) évaluent l'intérêt de la mesure d'élasticité non plus par pression mais par la propagation d'une onde de cisaillement (Shear wave elastography, SWE), technique développée et commercialisée à l'heure actuelle par 2 constructeurs d'échographes. L'intérêt de cette technique est qu'elle est indépendante de l'opérateur, reproductible, quantitative (et non plus semi-quantitative) et a déjà fait la preuve de son efficacité sur les lésions mammaires (6). Ces auteurs ont étudié 93 patients et 146 nodules. Tous les patients ont eu un contrôle histologique : 29 nodules étaient malins (19,9 %) avec une sensibilité pour le diagnostic de malignité qui augmentait de 51,9 % (IC95 : 33,1-70,7) lorsqu'on utilisait les critères échographiques seuls à 81,5 % (IC95 : 66,9-96,1) en couplant échographie et SWE, sans perdre en spécificité (97 % dans les 2 cas). T. Rago et al. (4) se sont intéressés à la question des cytologies indéterminées ou non contributives qui représentent près de 30 % des résultats cytologiques. Pour cela, ils ont évalué par échographie et USE de contrainte 176 patients (138 ayant un nodule unique et 38 avec nodules multiples, soit 195 nodules) avec une cytologie indéterminée (142 nodules) ou une cytoponction non contributive (53 nodules) et candidats pour une thyroïdectomie totale. Le score semi-quantitatif d'élasticité classiquement compris entre 1 et 5 a été simplifié pour une échelle de 1 à 3 allant d'un risque de malignité faible (1) à un risque élevé (3). Concernant les 142 lésions indéterminées, 31 étaient malignes (21,8 %, dont 26 carcinomes papillaires et 5 carcinomes vésiculaires à invasion minime). Pour les nodules classés en catégories 2 et 3 en USE, la sensibilité et la spécificité de l'USE en faveur de la malignité étaient respectivement de 96,8 % et 91,8 %. Sur les 53 nodules ayant une cytoponction non contributive, 15 % étaient en réalité des carcinomes papillaires, la sensibilité de l'USE était de 87,5 % et la spécificité de 86,7 %. Deux nodules avec un score d'élastographie à 1 étaient en réalité des carcinomes. Références bibliographiques 1. Monpeyssen H, Correas J, Tramalloni J, Poirée S, Hélénon O. Élastographie thyroïdienne. Correspondances en Métabolismes Hormones Diabète et Nutrition 2010;XIV(7):202-8. ................................................................................................................................................................................ La relation entre TSH et statut lipidique ou d'insulinorésistance existe aussi chez l'enfant Nader NS, Bahn RS, Johnson MD, Weaver AL, Singh R, Kumar S. Relationships between thyroid function and lipid status or insulin resistance in a pediatric population. Thyroid 2010;20(12):1333-9. Il est bien connu que, chez l'adulte sans pathologie thyroïdienne, les taux normaux de TSH augmentent en relation avec ceux de cholestérol et de triglycérides. Une corrélation positive significative a également été démontrée entre les concentrations de TSH et d'insuline et une corrélation négative a été observée avec l'insulino-sensibilité. Une équipe de la Mayo-Clinic a recherché si ces relations existent aussi chez les enfants âgés de 2 à 18 ans. Dans cette étude rétrospective, ils ont répertorié les taux sériques de TSH, de T4 libre, d'insuline, ainsi que les bilans lipidique et glycémique. Ils ont évalué l'indice d'HOMA. Le groupe de patients dont le taux de TSH est compris entre 0,3 et 2,4 mUI/l a été comparé à celui dont le taux de TSH est compris entre 2,5 et 5 mUI/l. ................................................................................................................................................................................. Lévothyroxine : le soir ou le matin ? Une nouvelle étude randomisée Bolk N, Visser TJ, Nijman J, Jongste IJ, Tijssen JGP, Berghout A. Effects of evening vs morning levothyroxine intake: a randomized double-blind crossover trial. Arch Intern Med 2010;170(22):1996-2003. La prise de lévothyroxine en cas d'hypothyroïdie est généralement recommandée le matin à jeun pour éviter les interférences d'absorption avec les aliments. Certains patients hypothyroïdiens sont difficiles à équilibrer et cela pourrait être lié, pour une partie d'entre eux, à des variations d'absorption de la lévothyroxine prise le matin. Plusieurs études avaient déjà testé l'intérêt d'une prise vespérale de lévothyroxine. L'étude de T.G. Bach-Huynh et al. (J Clin Endocrinol Metab 2009;94(10):3905-12) avait notamment montré que la prise au coucher était associée à une moindre variabilité de la TSH par rapport à la prise au moment du petit déjeuner. N. Bolk et al. ont mené une étude en cross-over chez des patients hypothyroïdiens bien équilibrés sous traitement. Quatre-vingt-dix patients ont terminé l'étude. Ils étaient randomisés pour recevoir soit leur traitement substitutif soit un placebo pendant 2 périodes successives de 3 mois, un groupe recevant d'abord la lévothyroxine le matin et le placebo le soir, l'ordre étant inversé après 3 mois. |
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