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SFE        La Newsletter Recherche de la SFE

Éditorial

Le Conseil Scientifique Pérenne de la SFE a décidé de mettre à l'honneur certains articles publiés par des équipes francophones dans les grands journaux de la discipline. Ces brèves, rédigées par les auteurs des articles, seront affichées sur la page Recherche du site web de la SFE et diffusées à tous les membres de la Société sous forme d'une Newsletter.

Cette opération vise un double objectif. Il s'agit en premier lieu de témoigner de la vitalité de la recherche fondamentale et/ou translationnelle dans les laboratoires de la communauté francophone, et ainsi de contribuer à une juste reconnaissance de notre discipline par les organismes de tutelle. Il s'agit également de resserrer les liens entre la SFE et les endocrinologues fondamentalistes qui, force est de le reconnaître, participent moins activement que les cliniciens aux activités de la Société, notamment aux congrès annuels.

Nous espérons que ces brèves vous donneront envie de lire les articles publiés par nos collègues de la communauté francophone dans les meilleurs périodiques d'endocrinologie et qu'elles montreront à leurs auteurs que la SFE peut contribuer à faire connaître leurs travaux.

Je veux remercier une nouvelle fois Catherine Beau pour son assistance dans la présentation des brèves et Nicolas Chevalier pour la mise en ligne de la Newsletter.

Bonne lecture et meilleurs voeux à tous.

Hubert Vaudry

Sommaire

1- Thierry Brue & Frédérique Albarel : Première évaluation d'un programme d'éducation thérapeutique individualisé, novateur dans les pathologies hypophysaires

2- Philippe Chanson : Peut-on donner des agonistes dopaminergiques (pour traiter un adénome à prolactine) chez des patients sous antagonistes dopami-nergiques (pour traiter leur psychose)...?

3- Karine Clément & Chistine Poitou-Bernert : L'espoir thérapeutique pour les patients atteints d'obésité génétique se confirme

4- Bruno Donadille & Sophie Christin-Maître : Syndrome de Turner: ça progresse au niveau de l'aorte !

5- Delphine Drui : Le patient acromégale n'est pas à risque de tassement vertébral... ou si peu !

6- André Lacroix : Analyse renouvelée des niveaux d'aldostérone dans les veines surrénaliennes: l'aldostéronome unique est plus rare qu'estimé précédemment

7- André Lacroix : Régulation aberrante de l'aldostérone dans l'alodstéronisme primaire: sécrétion dérégulée plutôt qu'autonome

8- Christine Poitou-Bernert & Karine Clément : Ça bouge dans la prise en charge des obésités génétiques

9- Pauline Romanet & Anne Barlier : DL'adénome hypophysaire isolé: une nouvelle porte d'entrée au syndrome 3P1 (Pheochromocytoma, Paraganglioma, Pituitary Adenoma)

10- Cécile Thomas-Teinturier : Le traitement par hormone de croissance chez les enfants guéris d'un cancer n'augmente pas le risque de survenue d'un second cancer

 


1- Thierry Brue  & Frédérique Albarel
Première évaluation d'un programme d'éducation thérapeutique individualisé, novateur dans les pathologies hypophysaires

 Dans les pathologies rares, notamment hypophysaires, l’acquisition d’autonomie par le patient dans la prise en charge de sa maladie et de son traitement est essentielle, et de ce fait une « éducation » du patient est incontournable. Il existe à ce jour très peu de programmes d’éducation thérapeutique focalisés sur l’hypophyse [1, 2].


Les chercheurs de l’Unité Inserm U1251 décrivent un nouveau concept de programme d’éducation thérapeutique en pathologie hypophysaire, avec des ateliers adaptés aux besoins et à la demande des patients (choix parmi 8 ateliers) et évaluent son efficacité en terme de satisfaction des patients, évolution de la qualité de vie et atteinte des objectifs fixés par le patient lui-même [3]. Cette étude, qui inclut 53 patients (33 F, 53.5 ans en moyenne), montre une bonne satisfaction des patients, une amélioration de certains paramètres de la qualité de vie (limitation physique et psychique) et une atteinte des objectifs que s’étaient fixés les patients (échanges d’expérience, amélioration de l’autonomie, et de la confiance en soi) pour la grande majorité d’entre eux, avec de nouveaux objectifs fixés en fin de programme pour plus de 50% (approfondissement des connaissances). Lors de l’évaluation de suivi (5.5 mois post programme en moyenne), une amélioration de la gestion au quotidien et de l’assurance des patients dans leur maladie hypophysaire est constatée.


Ce type de programme d’éducation thérapeutique novateur, personnalisé, adapté aux besoins du patient et évolutif semble donc aujourd’hui être un élément essentiel dans la prise en charge des patients porteurs de pathologie hypophysaire, notamment en termes d’autonomisation et de gestion de leur maladie au quotidien.

 

[1] Andela CD, Repping-Wuts H, Stikkelbroeck NMML, Pronk MC, Tiemensma J, Hermus AR, Kaptein AA, Pereira AM, Kamminga NGA, Biermasz NR. (2017) Enhanced self-efficacy after a self-management programme in pituitary disease: a randomized controlled trial. Eur. J. Endocrinol. 177:59-72.

[2] Martínez-Momblán MA, Gómez C, Santos A, Porta N, Esteve J, Úbeda I, Halperin I, Campillo B, Guillaumet M, Webb SM, Resmini E. (2016) A specific nursing educational program in patients with Cushing's syndrome. Endocrine 53:199-209.

[3] Albarel F, Pellegrini I, Rahabi H, Baccou C, Gonin L, Rochette C, Vermalle M, Cuny T, Castinetti F, Brue T. (2020) Evaluation of an individualized education program in pituitary diseases: a pilot study. Eur. J. Endocrinol. 183:551-559.

 


2- Philippe Chanson
Peut-on donner des agonistes dopaminergiques (pour traiter un adénome à prolactine) chez des patients sous antagonistes dopaminergiques (pour traiter leur psychose)...?

 Les agonistes dopaminergiques (DA), utilisés dans le traitement des prolactinomes, agissent en se liant aux récepteurs de la dopamine présents à la surface des cellules tumorales et en les stimulant. Les antagonistes dopaminergiques (neuroleptiques) ont l’effet strictement inverse : en inhibant les récepteurs dopaminergiques au niveau du système nerveux central, ils exercent des propriétés thérapeutiques très utiles chez les patients psychotiques.


Que faire dans la situation, heureusement rare, d’un patient psychotique, traité par des antagonistes dopaminergiques, chez qui l’on découvre un macroprolactinome volumineux requérant un traitement par DA? Les DA sont-ils efficaces sur le volume de l’adénome ? A l’inverse, le fait d’introduire un traitement DA chez un patient traité par antagoniste dopaminergique ne risque-t-il pas de rendre ce traitement inefficace et de décompenser l’état psychiatrique ?

Pour répondre à cette question, l’équipe de Philippe Chanson a coordonné une étude rétrospective multicentrique française et belge et, avec l’aide de l’équipe de Psychiatrie de Bicêtre, a analysé les dossiers de 18 patients ayant ces deux pathologies (prolactinome et psychose traitée par antipsychotiques) [1].

Les résultats sont rassurants : chez les patients psychotiques traités par antagonistes dopaminergiques et présentant par ailleurs un macroadénome à prolactine, le traitement DA (essentiellement la cabergoline) reste efficace sur la prolactinémie, le volume tumoral évalué en IRM, et les troubles visuels dans au moins la moitié des cas. Surtout, la prescription de DA ne semble pas favoriser une décompensation de l’état psychiatrique. Des données rassurantes pour cette situation rare mais particulièrement délicate à prendre en charge.

 

[1] Allard L, Albarel F, Bertherat J, Caron PJ, Cortet C, Courtillot C, Delemer B, Jublanc C, Maiter D, Nunes ML, Raverot G, Sarfati J, Salenave S, Corruble E, Choucha W, Chanson P. (2020) Efficacy and safety of dopamine agonists in patients treated with antipsychotics and presenting a macroprolactinoma. Eur. J. Endocrinol. 183:221-231.

 


3- Karine Clément  & Christine Poitou-Bernert
L'espoir thérapeutique pour les patients atteints d'obésité génétique se confirme

 Des mutations génétiques de la proopiomélanocortine (POMC) et du récepteur de la leptine (LEPR) entraînent des obésités sévères et précoces, avec une hyperphagie irréductible, associées à des désordres endocriniens.

Les résultats de deux essais multicentriques de phase III sur le setmélanotide, agoniste du récepteur 4 aux mélanocortines, viennent d’être publiés dans ces maladies rares [1].

Chez 10 patients déficients en POMC, 80% ont perdu plus de 10% de leur poids à un an, avec une perte de poids moyenne de -25,6% et une chute des scores de faim de 27%. L’effet était significatif mais moins spectaculaire chez 11 patients avec une mutation LEPR ; 45% d’entre eux ont perdu 10% de leur poids à un an avec une perte de poids moyenne de 12,5% et une baisse de 44% du score de faim. L'effet secondaire le plus fréquent était l'hyperpigmentation et les paramètres cardiovasculaires sont restés normaux.

Cette option thérapeutique devrait stimuler le dépistage génétique pour identifier les patients susceptibles de bénéficier du traitement, lequel est actuellement aussi testé dans d’autres formes d’obésités génétiques.

 

[1] Clément K, van den Akker E, Argente J, Bahm A, Chung WK, Connors H, De Waele K, Farooqi IS, Gonneau-Lejeune J, Gordon G, Kohlsdorf K, Poitou C, Puder L, Swain J, Stewart M, Yuan G, Wabitsch M, Kühnen P; Setmelanotide POMC and LEPR Phase 3 Trial Investigators. (2020) Efficacy and safety of setmelanotide, an MC4R agonist, in individuals with severe obesity due to LEPR or POMC deficiency: single-arm, open-label, multicentre, phase 3 trials. Lancet Diabetes Endocrinol. 8:960-970.

 


4- Bruno Donadille  & Sophie Christin-Maître
Syndrome de Turner : ça progresse au niveau de l'aorte !

 La première cause de mortalité chez les patientes avec syndrome de Turner (ST) est d’origine cardiovasculaire, en particulier par dissection aortique. Des recommandations internationales publiées en 2017 [1] ont souligné l’importance du dépistage d’une dilatation aortique (DA) avec indexation de la mesure à la surface corporelle.

Au sein du centre de référence de l’Hôpital Saint-Antoine, labellisé depuis 2006, 197/204 patientes ont bénéficié d’une IRM aortique 1.5 Tesla avec une mesure du diamètre aortique à deux niveaux de référence : le sinus de Valsalva et l’aorte tubulaire ascendante [2].

Dès l’inclusion, la DA était présente à ces 2 niveaux pour respectivement 81/197 (41.1%) et 32/197 (16.2%) des patientes. Il est à noter que le diamètre aortique au Valsalva était significativement plus important en présence d’une thyroïdite (p < 0,001). De plus, la présence d’une bicuspidie donne un Hazard Ratio de la DA à 2,2 (95% CI: 1,33–3,71).

Après un suivi moyen de 5,1 ans, un décès lié à une dissection aortique a été observé. Au sein de la cohorte, la vitesse de progression a été évaluée à 0,14 ± 0,61 mm/an pour l’aorte ascendante, alors qu’elle est inférieure à 0,1 mm/an dans la population générale.

Ces résultats sont globalement rassurants vis-à-vis de la progression moyenne du diamètre aortique. Cependant, des études sont nécessaires pour évaluer les facteurs impliqués dans la progression rapide du diamètre aortique observée chez certaines patientes. Nos résultats illustrent la nécessité d’un suivi cardiovasculaire au long cours des femmes avec un ST.

 

[1] Gravholt CH, Andersen NH, Conway GS, Dekkers OM, Geffner ME, Klein KO, Lin AE, Mauras N, Quigley CA, Rubin K, Sandberg DE, Sas TCJ, Silberbach M, Söderström-Anttila V, Stochholm K, van Alfen-van derVelden JA, Woelfle J, Backeljauw PF, and On behalf of the International Turner Syndrome Consensus Group. (2017). Clinical practice guidelines for the care of girls and women with Turner syndrome: proceedings from the 2016 Cincinnati International Turner Syndrome Meeting. Eur. J. Endocrinol. 177:G1-G70.

[2] Donadille B, Tuffet S, Cholet C, Nedelcu M, Bourcigaux N, Iserin L, Monnier-Cholley L, Rousseau A, and Christin-Maitre S. (2020) Prevalence and progression of aortic dilatation in adult patients with Turner syndrome: a cohort study. Eur. J. Endocrinol. 183:463-470.

 


5- Delphine Drui
Le patient acromégale n'est pas à risque de tassement vertébral... ou si peu !

 Une étude transversale monocentrique (CHU de Nantes) réalisée de 1988 à 2008 sur 50 patients acromégales (18F, 32H) de 52,3 ans (27 -78 ans) montre une prévalence de fracture vertébrale (FV) beaucoup plus faible que celle rapportée dans la littérature [1].

En effet l'évaluation radiographique du rachis lombaire et thoracique (face et profil) a mis en évidence une FV chez seulement 3 patients (6%) : une fracture de grade 1 et deux fractures de grade 2 selon la classification semi-quantitative de Genant.

En revanche, des déformations franches (ostéophyte ou pincement discal ≥ grade 2 ou aspect cunéiforme) étaient mises en évidence au niveau du rachis dorsal chez 22 patients (44%) et du rachis lombaire chez 21 patients (42%).

La méthode semi-quantitative de Genant doit être privilégiée pour examiner les FV chez des sujets âgés ou avec déformation rachidienne, puisque l'analyse semi-automatique morphométrique évalue mal les FV et les surestime probablement. Ainsi, la forte prévalence de déformations franches liée sans doute à l’acromégalie pourrait expliquer des faux positifs de FV, et la prévalence élevée rapportée précédemment dans la littérature.

 

[1] Plard C, Hochman C, Hadjadj S, Le Goff B, Maugars Y, Cariou B, Drui D, Guillot P. (2020) Acromegaly is associated with vertebral deformations but not vertebral fractures: Results of a cross-sectional monocentric study. Joint Bone Spine 87:618-624.

 


6- André Lacroix
Analyse renouvelée des niveaux d'aldostérone dans les veines surrénaliennes: l'aldostéronome unique est plus rare qu'estimé précédemment

 Un aldostéronome unilatéral devrait supprimer l’axe rénine-angiotensine et la sécrétion d’aldostérone par la surrénale controlatérale. Les évaluations préalables de la suppression controlatérale utilisaient le ratio A/Copp/A/Cpériphérie, souvent post-stimulation avec ACTH, ce qui apparaissait inapproprié; de plus, la correction de l’aldostérone par le cortisol n’est pas justifiée en périphérie.


L’équipe d’André Lacroix au Centre hospitalier de l’Université de Montréal a analysé les données de 330 cas d’aldostéronisme primaire investigués dans deux centres canadiens utilisant le cathétérisme bilatéral simultané des veines surrénaliennes avant et post bolus d’ACTH [1].

Une suppression controlatérale basale (ratio<1 avant ACTH) était rarement présente chez les patients avec source latéralisée d’aldostérone en utilisant le ratio Aopp/Ap (7%, median: 2.3) comparativement au ratio A/Copp/A/Cp (56%).  A un seuil Aopp/Ap de 2.15 (analyse ROC), la suppression controlatérale prédisait mieux la réponse à la chirurgie (critères PASO) que le ratio A/Copp/A/Cp et offrait un facteur prédictif modeste (Se 63% and Sp 71%) mais égal au ratio de latéralisation basal ou post ACTH [1].
Ces données sont compatibles avec l’identification de l’expression de l’aldostérone synthase non seulement dans les aldostéronomes dominants, mais fréquemment dans l’hyperplasie nodulaire de la zona glomerulosa adjacente [2] (incluant aldosterone producing cell clusters, APCC), qui est probablement bilatérale.

Ceci expliquerait mieux la rare occurrence d’hypoaldostéronisme transitoire suivant une surrénalectomie unilatérale. Il sera pertinent de suivre l’évolution de la sécrétion d’aldostérone de ces surrénales controlatérales à long terme.

 

[1] Desrochers MJ, St-Jean M, El Ghorayeb N, Bourdeau I, So B, Therasse É, Kline G, Lacroix A. (2020) Basal contralateral aldosterone suppression is rare in lateralized primary aldosteronism. Eur. J. Endocrinol. 183:399-409.

[2] Boulkroun S, Samson-Couterie B, Dzib JF, Lefebvre H, Louiset E, Amar L, Plouin PF, Lalli E, Jeunemaitre X, Benecke A, Meatchi T, Zennaro MC. (2010) Adrenal cortex remodeling and functional zona glomerulosa hyperplasia in primary aldosteronism. Hypertension 56:885-892.

 


7- André Lacroix
Régulation aberrante de l'aldostérone dans l'aldostéronisme primaire: sécrétion dérégulée plutôt qu'autonome

 Dans l’aldostéronisme primaire (AP), la sécrétion d’aldostérone est relativement indépendante du système rénine-angiotensine et très fréquemment secondaire à des mutations de plusieurs canaux ioniques induisant une sécrétion anormale de l’aldostérone. Cette sécrétion n’est pas strictement constitutive puisque les niveaux sanguins d’aldostérone demeurent assez variables chez ces patients.


L’équipe d’André Lacroix au Centre hospitalier de l’Université de Montréal a exploré la réponse hormonale de 43 patients avec AP (11 avec hyperplasie bilatérale (BAH), 28 avec aldostéronome latéralisé (APA), 4 de source indéfinie) et 4 patients co-sécrétant aldostérone et cortisol suivant les tests de stimulation effectués in vivo sous suppression avec dexaméthasone [1].  


La sécrétion d’aldostérone (rénine-indépendante) a augmenté en réponse à plusieurs stimuli incluant 2 heures d’ambulation (75/83% des cas APA/BAH), vasopressine 10 UI sc (68/83%), GnRH 100 µg iv (54/58%), repas mixte (11-25%); une réponse exagérée à l’ACTH1-24 250 µg iv (396-714%) et un agoniste 5HT4R po (291-508%) était présente chez tous les APA/BAH. La dexaméthasone réduit les niveaux basaux d’aldostérone de 47% (APA) et de 71% (BAH). Plusieurs réponses aberrantes étaient présentes chez le même patient autant secondaire à APA (4.0) qu’à BAH (4.6) [1].


Il apparaît donc que la sécrétion d’aldostérone dans l’AP n’est pas autonome puisque largement régulée par plusieurs boucles de ligands autocrine/paracrines et de récepteurs aberrants [2]. Nous proposons de remplacer la terminologie de « sécrétion autonome » par celle d’une « sécrétion dérégulée » de l’aldostérone.

 

[1] St-Jean M, Bourdeau I, Martin M, Lacroix A. (2021) Aldosterone is aberrantly regulated by various stimuli in a high proportion of patients with primary aldosteronism. J. Clin. Endocrinol. Metab. 106:e45-e60.

[2] Lefebvre H, Duparc C, Naccache A, Lopez AG, Castanet M, Louiset E. (2019) Paracrine regulation of aldosterone secretion in physiological and pathophysiological conditions. Vitam. Horm. 109:303-339.

 


8- Christine Poitou-Bernert  & Karine Clément
Ça bouge dans la prise en charge des obésités génétiques

 Des progrès ont été faits dans le décryptage moléculaire des obésités génétiques, qui comprennent (i) les obésités syndromiques, qui associent une obésité précoce et grave à des troubles du développement neurologique et/ou à un syndrome polymalformatif et, (ii) l'obésité monogénique non syndromique, due à des mutations géniques le plus souvent situées dans la voie de la leptine et de la mélanocortine.

Une revue publiée par le groupe de Karine Clément fait le point sur la prise en charge difficile de ces malades [1].

Jusqu'à présent, elle reposait sur le contrôle de l'environnement du patient, la limitation de l'accès à la nourriture dans un environnement alimentaire quotidien rassurant afin de limiter l'impulsivité ainsi que la pratique d'une activité physique adaptée, soutenue et encadrée. Le contexte évolue rapidement, car de nouvelles thérapies innovantes sont actuellement testées à la fois pour les formes syndromiques et monogéniques d'obésité. Les résultats des essais en cours ouvrent la voie à une future approche médicale de précision pour l'obésité génétique.

 

[1] Poitou C, Mosbah H, Clément K. (2020) MECHANISMS IN ENDOCRINOLOGY: Update on treatments for patients with genetic obesity. Eur. J. Endocrinol. 183:R149-R166.

 


9- Pauline Romanet  & Anne Barlier
PitL'adénome hypophysaire isolé: une nouvelle porte d'entrée au syndrome 3PA (Pheochromocytoma, Paraganglioma, Pituitary Adenoma)

 Le syndrome « 3PA » est un syndrome rare qui associe la survenue de phéochromocytome ou paragangliome (PPGL) et d’adénome hypophysaire [1, 2]. Il peut être associé à des mutations des gènes prédisposant aux PPGL (SDHx et MAX) [1, 2]. Dans certains cas, l’adénome hypophysaire survient en premier, posant la question d’une nouvelle indication de dépistage génétique.

L’équipe du Pr Anne Barlier au CHU de Marseille a mis en évidence un variant (probablement) pathogène dans SDHC et SDHA chez 3 patients parmi 263 présentant un adénome isolé [3].

Deux présentaient un macroprolactinome, comme presque 50% des 3PA avec mutation SDHx/MAX publiés, et le dernier un microprolactinome familial.

Néanmoins, la causalité n’est pas établie entre ces mutations et l’adénome hypophysaire, et du fait de la faible pénétrance, le risque réel de PPGL chez ces patients non plus. Des données supplémentaires sont nécessaires avant de proposer l’analyse systématique des gènes SDHx devant un adénome hypophysaire isolé. Cependant, en cas d’antécédent personnel ou familial de PPGL, ce dépistage semble parfaitement justifié.

 

[1] Xekouki P, Szarek E, Bullova P, Giubellino A, Quezado M, Mastroyannis SA, Mastorakos P, Wassif CA, Raygada M, Rentia N, Dye L, Cougnoux A, Koziol D, de La Luz Sierra M, Lyssikatos C, Belyavskaya E, Malchoff C, Moline J, Eng C, Maher 3rd LJ, Pacak K, Lodish M, Stratakis CA. (2015) Pituitary adenoma with paraganglioma/pheochromocytoma (3PAs) and succinate dehydrogenase defects in humans and mice. J. Clin. Endocrinol. Metab. 100:E710-719.

[2] Dénes J, Swords F, Rattenberry E, Stals K, Owens M, Cranston T, Xekouki P, Moran L, Kumar A, Wassif C, Fersht N, Baldeweg SE, Morris D, Lightman S, Agha A, Rees A, Grieve J, Powell M, Boguszewski CL, Dutta P, Thakker RV, Srirangalingam U, Thompson CJ, Druce M, Higham C, Davis J, Eeles R, Stevenson M, O'Sullivan B, Taniere P, Skordilis K, Gabrovska P, Barlier A, Webb SM, Aulinas A, Drake WM, Bevan JS, Preda C, Dalantaeva N, Ribeiro-Oliveira A Jr, Garcia IT, Yordanova G, Iotova V, Evanson J, Grossman AB, Trouillas J, Ellard S, Stratakis CA, Maher ER, Roncaroli F, Korbonits. (2015) Heterogeneous genetic background of the association of pheochromocytoma/paraganglioma and pituitary adenoma: results from a large patient cohort. J. Clin. Endocrinol. Metab. 100:E531-E541.

[3] Mougel G, Lagarde A, Albarel F, Essamet W, Luigi P, Mouly C, Vialon M, Cuny T, Castinetti F, Saveanu A, Brue T, Barlier A, Romanet P. (2020) Germinal defects of SDHx genes in patients with isolated pituitary adenoma. Eur J Endocrinol. 183:369-379.

 


10- Cécile Thomas-Teinturier
Le traitement par l'hormone de croissance chez les enfants guéris d'un cancer n'augmente pas le risque de survenue d'un second cancer

 Le déficit en hormone de croissance est une complication habituelle de la radiothérapie cérébrale. Ces enfants ont besoin d’un traitement par hormone de croissance pour atteindre une taille adulte normale. Mais des craintes avaient été rapportées que ce traitement pourrait augmenter le risque d’apparition d’une autre tumeur à l’âge adulte [1].


Une étude française portant sur une cohorte de 2852 survivants à long terme d'un cancer pédiatrique montre que le traitement par hormone de croissance n’est pas associé à un risque accru de secondes tumeurs lorsque l’on prend en compte les doses de radiation reçues [2]. Un léger excès de risque de méningiome (X2) statistiquement non significatif est observé chez les survivants ayant reçu un traitement par hormone de croissance au long cours.  Ceci peut être le reflet des doses et/ou volumes d’irradiation plus importants, expliquant aussi le déficit en hormone de croissance.  


Cette étude apporte donc des données rassurantes sur le devenir à long terme des enfants guéris d’un cancer et qui sont traités par hormone de croissance pour leur permettre d’atteindre une taille adulte normale.

 

[1] Sklar CA, Mertens AC, Mitby P, Occhiogrosso G, Qin J, Heller G, Yasui Y and Robison LL. (2002) Risk of disease recurrence and second neoplasms in survivors of childhood cancer treated with growth hormone: A report from the childhood cancer survivor study. J. Clin. Endocrinol. Metab. 87:3136-3141.

[2] Thomas-Teinturier C, Oliver-Petit I, Pacquement , Fresneau B, Allodji RS, Veres C, Bolle S, Berchery D, Demoor-Goldschmidt C, Haddy N, Diallo I, and de Vathaire F. (2020) Influence of growth hormone therapy on the occurrence of second neoplasms in survivors of childhood cancer. Eur. J. Endocrinol. 183:471-480.

 
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