Anorexie mentale à début précoce : un enjeu de taille

Héléna MOSBAH, Poitiers

D’après la communication SY-019 de Laura Atger
Croissance et anorexie mentale prépubère

L’anorexie mentale (AM) à début précoce se définit par un âge de début des troubles inférieur à 13 ans, elle concerne environ 5% des AM. Il s’agit de formes en général plus sévères, et plus souvent associées à des troubles psychiatriques. Dans ces formes à début précoce, l’AM peut être responsable chez l’enfant d’un ralentissement voire d’un arrêt de la croissance staturale, de la progression pubertaire et d’un déficit d’acquisition de masse osseuse. La récupération d’une nutrition normale entraîne généralement une reprise de la croissance, de l’évolution pubertaire et de l’acquisition de masse osseuse. Cette récupération se produit de façon décalée par rapport à la reprise pondérale. Cependant, en dépit d’une approche thérapeutique nutritionnelle et psychothérapeutique satisfaisante, environ un tiers de ces patients conservent un déficit statural important. Parmi les facteurs prédictifs de déficit statural persistant, on retrouve : le temps entre le début de la maladie et le diagnostic, le stade Tanner au moment de l’apparition maladie, la gravité et la durée de l’AM, et la vitesse de reprise pondérale.

L’efficacité d’un traitement par hormone de croissance (hGH) a été testée dans une première étude observationnelle pilote menée par le Pr Juliane Léger chez 10 patientes qui présentaient un retard de croissance sévère (VC ou vitesse de croissance ≤ 2 cm/an depuis au moins 18 mois). Elles ont reçu un traitement par de fortes doses d’hGH (40 µg/kg/jour) jusqu’à la taille adulte. Au début du traitement elles étaient âgées de 13.3±1.1 ans, prépubères (n=7), avec un âge osseux de 10.9±1.7 ans. L’indice de masse corporelle a augmenté de -3.1±1.1 à -0.8±0.6 SDS un an avant le début du traitement par hGH. L’accélération de la VC s’est produite dès la première année de traitement, et a concerné toutes les patientes. La taille adulte était proche de la taille cible parentale (écart à -0,3 DS).

La deuxième étude était randomisée, contrôlée en double aveugle hGH versus placebo, pendant 12 mois. Entre 2013 et 2018, 14 patients ont été inclus et traités par de fortes doses d’hGH (50 µg/kg/jour). Le traitement par hGH a permis une accélération de la VC, de l’IGF-1 et de la composition minérale osseuse. Le profil de tolérance était satisfaisant. Ces résultats sont à confirmer dans de plus grands effectifs de patients.

Le traitement par hormone de croissance est une option thérapeutique à envisager chez ces patients, en complément d’une prise en charge nutritionnelle. Il doit être discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire. Le PNDS « Anorexie Mentale à début précoce », publié sur le site de la HAS en 2022, reprend les éléments de prise en charge.