Chirurgie hypophysaire : faut-il croire au premier cortisol venu ?
Mahaut PETYT, Toulouse
Session CO 09 Hypophyse – Neuroendocrinologie (Dysfonction)
Dosages précoces de cortisol après chirurgie hypophysaire : sont-ils fiables pour prédire l’insuffisance corticotrope à long terme ?
Soumaya KADIRI, Paris
Une revue de la littérature réalisée par F. Zarzour, M.Hage et M.L Raffin Sanson, publiée dans les Annales d’Endocrinologie en 2023, aborde un protocole de gestion endocrinienne post-opératoire chez les patients opérés pour des adénomes hypophysaires, notamment en ce qui concerne l’utilisation et l’arrêt de l’hydrocortisone. Ils recommandent un dosage du cortisol plasmatique au troisième jour post-opératoire (J3). Si le taux de cortisol est inférieur à 100 ng/ml, la poursuite de l’hydrocortisone à une dose de 15 ou 20 mg/jour est recommandée. En revanche, si le taux est supérieur à 180 ng/ml, l’arrêt de l’hydrocortisone est proposé. Entre ces deux seuils se trouve une « zone grise » où les pratiques varient selon les centres : arrêt de l’hydrocortisone tout en maintenant une dose en cas de stress, poursuite de l’hydrocortisone avec diminution des doses à 10 mg/jour.
Pour harmoniser ces pratiques, une étude a été menée par une équipe de Paris. Le protocole consistait à mesurer le cortisol plasmatique à J2 post opératoire, J8, à six semaines (S6), puis à trois mois avec un test dynamique. L’objectif était d’évaluer si les dosages précoces de cortisol plasmatique étaient suffisamment fiables pour prédire la fonction corticotrope et déterminer un seuil permettant d’arrêter l’hydrocortisone en toute sécurité. Les données de 84 patients opérés d’une chirurgie hypophysaire ont été analysées de manière rétrospective, en excluant ceux présentant un déficit corticotrope pré-opératoire ou un adénome corticotrope. Les résultats montrent que le dosage à S6 est le plus fiable pour prédire la fonction corticotrope, bien que le dosage à J8 présente également de bonnes performances, avec une aire sous la courbe de 93 %. Un seuil de 100 ng/ml peut être retenu à J8, avec une sensibilité et une spécificité de 93 %. En revanche, le dosage à J2 post-opératoire est quant à lui plus souvent pris à défaut, avec des paramètres de sensibilité et de spécificité autour de 80 %, certains patients présentant des taux effondrés de cortisol à J2 ayant finalement une fonction corticotrope normale à plus long terme.