De la maladie rare vers le traitement d’une maladie fréquente : les antagonistes de neurokinine B dans la ménopause
Mahaut PETYT, Toulouse
Symposium SFE 02 – FIRENDO – Médicaments de nouvelle génération en Endocrinologie et Nutrition
De la maladie rare vers le traitement d’une maladie fréquente: les antagonistes de la neurokinine B dans la ménopause
Jacques YOUNG, Le Kremlin-Bicêtre
La recherche en maladie rare peut aboutir à une meilleure connaissance en physiologie et en physiopathologie et permettre le développement de thérapeutiques utilisées en pratique clinique courante. Le traitement des bouffées de chaleur de la ménopause par les antagonistes de la neurokinine B est en un exemple.
L’étude des hypogonadismes hypogonadotropes congénitaux a permis de découvrir de nombreux acteurs de l’axe gonadotrope : le récepteur GPR 54, le récepteur de la Kisspeptine et son ligand et aussi la neurokinine B de type 3 et son récepteur découvert en 2009.
En parallèle de ces découvertes, les bouffées de chaleur chez la femme ménopausée concernent plus de 50 % des femmes après 50 ans, et altèrent grandement leur qualité de vie.
La chute des oestrogènes à la ménopause entrainent une levée du rétrocontrôle et une élévation des gonadotrophines, et la ménopause est souvent associée à la survenue de bouffées de chaleur, mais quel en est le mécanisme neuroendocrine ? Naomi Rance a découvert en 1991 que les neurones chez la femme ménopausée étaient hypertrophiées, et exprimaient le récepteur à l’oestradiol et la neurokinine B. En parallèle, des études sur les tumeurs carcinoides, responsables de troubles vasomoteurs dont les bouffées de chaleur, ont montré une sécrétion de neurokinine B par ces tumeurs. Un lien se crée alors entre neurokinine B et bouffée de chaleur, suscitant l’intérêt. Des antagonistes de la neurokinine sont développés dans cette perspective. Deux études de phase 3 concernant le FEZOLINETANT et ELIZANETANT, deux antagonistes du récepteur de type 3, ont montré une diminution des gonadotrophines, chez la femme ménopausée, et en parallèle une diminution de la fréquence et de l’intensité des bouffées de chaleur, plaçant ainsi ces médicaments comme très prometteurs dans le traitement des bouffées de chaleur.
Mais en vie réelle, quelle place peuvent-ils occuper dans le traitement des bouffées vaso-motrices modérées à sévère ? Les estrogènes restent une alternative moins coûteuse et possède d’autres avantages, notamment son effet protecteur sur l’os. Néanmoins ces antagonistes pourraient être intéressant chez les femmes ayant une contre-indication au traitement de la ménopause par estrogènes (cancer du sein notamment). Enfin, il n’y a pas beaucoup de recul sur le profil de tolérance de ces antagonistes, quelques cas d’hépatites ont été décrits au sein des études, la balance bénéfice risque doit être évaluée. Quid de la récidive des bouffées de chaleur à l’arrêt du traitement, uniquement suspensif ?
Histoire à suivre…