Décès du Dr Nathalie Josso

Le Dr Nathalie Josso nous a quittés le 20 novembre 2022, à  l’âge de 88 ans

Elle est née en 1934. Après une thèse de Médecine à Paris, l’Internat puis le Clinicat, une brillante carrière hospitalière s’offrait à elle, mais c’est la recherche qu’elle choisit. Entrée à l’Inserm en 1964, elle fait un stage de recherche dans le laboratoire du Professeur Alfred Jost, et est fascinée par l’hypothèse d’un « inhibiteur Müllérien » formulée par Alfred Jost dès 1947. C’est de ce facteur de différenciation du sexe, alors totalement inconnu, et dont beaucoup contestaient l’existence même, qu’elle fait l’objet de ses recherches, qu’elle poursuivra pendant plus de cinquante ans.

Seule d’abord, puis avec l’équipe dont elle a su s’entourer, Nathalie Josso a prouvé que cette hormone existait, que c’était une glycoprotéine produite par les cellules de Sertoli du testicule fœtal, elle lui a donné son nom, « hormone anti-Müllérienne » ou « anti-Müllerian hormone » (AMH). Son équipe a cloné le gène de l’AMH bovine, montré la localisation chromosomique du gène chez l’Homme, cloné son récepteur AMHR2 (en collaboration avec une équipe américaine), mis au point le 1er test ELISA de l’AMH, qui a fait l’objet d’une valorisation sous licence Inserm/Immunotech, utilisé pour la caractérisation des anomalies de la différenciation sexuelle et des troubles de l’axe gonadique chez le garçon. Elle a contribué à la caractérisation de la cascade de signalisation de l’AMH.

L’équipe de Nathalie Josso a aussi été pionnière dans l’étude de l’origine génétique du Syndrome de persistance des canaux de Müller (PMDS), aussi appelé syndrome de « l’homme à utérus », elle a montré, dans près de 250 cas, que le PMDS était majoritairement dû à des mutations des gènes AMH et AMHR2, mais aussi en 2022 à des mutations d’un nouveau gène, PPP1R12A.

C’est aussi dans son laboratoire qu’a été obtenue la première démonstration de la présence d’AMH chez la femme adulte, dans le liquide folliculaire. Cette révélation a conduit à un développement considérable de l’utilisation des dosages d’AMH chez la femme : le taux d’AMH avant la ménopause est le reflet de la réserve folliculaire chez la femme, et son dosage a une importance prédictive majeure pour le succès de l’assistance médicale à la procréation (AMP).

Le Dr Nathalie Josso a dirigé l’Unité Inserm « Endocrinologie du Développement » (U293) de 1986 à 1998, à l’Ecole Normale Supérieure. Elle a continué à participer très activement aux recherches des Unités 493, puis 782 (Endocrinologie et Génétique de la Reproduction et du Développement) à l’Hôpital Antoine Béclère de Clamart. DR Emérite depuis 2000, elle a participé jusqu’à cette année aux recherches de l’U938 au CRSA à l’Hôpital Saint Antoine. Elle a publié près de 200 articles, et 2 ouvrages.