Dosages hormonaux : méthode


Question de E.BENAMO Service d’Endocrinologie-Maladies Métaboliques – Centre Hospitalier d’Avignon:
Dans le cadre de la restructuration du pôle des laboratoires de notre centre hospitalier, il m’est demandé de recenser les dosages hormonaux que l’on doit maintenir absolument en méthode « chaude » et ceux que l’on peut passer en méthode « froide » dans un esprit objectif et juste…et selon les données actuelles de la science. Pouvez vous m’aider dans cette démarche afin de donner des réponses les plus justes possibles ?

Réponse de Najiba LAHLOU :
Votre question est cruciale, en janvier 2010, elle est d’une actualité brûlante, et mérite des réponses étayées et objectives. Le fait que ce soit l’endocrinologue qui la pose est aussi intéressant. D’une façon très synthétique :
1 – Les laboratoires d’hormonologie ont à leur disposition à l’heure actuelle deux catégories de dosages : les radioactifs ou chauds et les non radioactifs ou froids
2 – Ces dosages reposent sur deux grands principes essentiels : la reconnaissance de la forme (base de la liaison antigène–anticorps sur laquelle sont fondés tous les immuno-dosages), ou la reconnaissance de la masse (et de la charge électrique) : base des méthodes de mesure « physiques » par spectrométrie de masse.
3 – Les hormones à doser se rangent en deux catégories : petites molécules, type : les molécules stéroïdiennes, ou grandes molécules, type : les hormones protéiques.

D’une façon très synthétique, également, on a pu dire jusque très récemment, qu’autant la mesure des grosses molécules, et donc essentiellement des protéines, était possible en froid sans perte de qualité, et notamment sur des automates, autant pour les petites molécules, la réponse n’est pas univoque.
a) pour les hormones thyroïdiennes, pour la vitamine D et pour certains stéroïdes (cortisol, SDHEA, estradiol sous stimulation) il existe de bonnes méthodes froides, automatisées, remplaçant avantageusement la RIA (exactitude comparable, reproductibilité meilleure, etc…).
b) pour les autres stéroïdes, ou les autres situations : estradiol de ménopause ou chez l’enfant, situations pathologiques déficitaires.., les méthodes froides ne satisfont pas les exigences de sensibilité, spécificité et exactitude. Et c’est là que les méthodes chaudes gardent leur place pour des dosages de qualité.

Mais depuis ces toutes dernières années, les lignes sont en train de bouger, et les méthodes chaudes pour les stéroïdes sont amenées à disparaître progressivement, au profit de méthodes non plus immunologiques mais physiques, froides, en spectrométrie de masse. Ce sont actuellement les méthodes de référence pour les stéroïdes et les vitamines D2 et D3, par exemple.

Reste la question des molécules nouvelles, petites ou grandes, où les méthodes manuelles sont un passage obligé en attendant l’intérêt d’un industriel pour leur transfert éventuel sur automate : selon les cas la technique peut être froide ou chaude, mais là nous ne sommes plus tout-à-fait dans la routine.

Najiba LAHLOU – Hormonologie Pédiatrique et Maladies Métaboliques Hôpital Saint Vincent de Paul Paris – Janvier 2010.