Hommage à Andrée Tixier-Vidal

Madame Andrée Tixier-Vidal, grande figure de la Neuroendocrinologie, présidente honoraire de la SFE, vient de nous quitter à l’âge de 98 ans.

Après l’Ecole Normale d’Institutrices de Paris, elle intègre l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay et passe l’agrégation. Elle prépare ensuite une thèse sur le développement de l’axe hypophyse-thyroïde chez l’embryon de poulet au cours de laquelle elle rejoint le laboratoire d’histophysiologie du Collège de France dirigé par le Professeur Jacques Benoit. Elle se consacre alors, avec Yvan Assenmacher, à l’étude du contrôle neuroendocrinien de la fonction thyroïdienne chez le canard. La particularité anatomique de cette espèce dans laquelle tige pituitaire et système porte sont distincts permet à l’équipe de Jacques Benoit de démontrer la nature neurohumorale du contrôle hypothalamique de l’antéhypophyse. Dans ce laboratoire qui accueille également mon maître Claude Kordon, Mme Tixier-Vidal poursuit alors l’étude cytologique de l’antéhypophyse de canard puis d’autres oiseaux.

 

En 1970, elle crée le laboratoire CNRS de neuroendocrinologie cellulaire et moléculaire au Collège de France. Ses équipes s’illustreront dans l’étude, sur des lignées adénohypophysaires, des mécanismes d’action des neurohormones (en particulier le TRH) et des mécanismes cellulaires et moléculaires de sécrétion et de synthèse des hormones hypophysaires : prolactine et hormone de croissance.

 

Parallèlement,  les techniques de culture de neurones hypothalamiques seront également développées permettant l’étude des mécanismes de développement, de différenciation et de sécrétion.

 

Mme Tixier-Vidal a également assuré de nombreuses responsabilités de gestion et d’animation de la recherche en organisant de nombreux colloques internationaux, en assurant la présidence de sociétés savantes et en présidant également une section du Comité National de la Recherche Scientifique.

 

Mme Tixier-Vidal était toujours présente au premier rang des communications scientifiques et cela bien au-delà de sa retraite en 1991, animant les discussions avec rigueur et clairvoyance. De fait, ce qui caractérise le mieux cette carrière exceptionnelle c’est la passion : la passion de la science, la passion de la connaissance et son immense curiosité.

 

Sa formation d’histologiste et son intérêt pour la microscopie électronique lui faisaient insister sur l’importance des structures dans la compréhension des mécanismes cellulaires. Elle affirmait que les « belles images » étaient toujours un support fécond pour l’imagination scientifique. Son approche réductionniste et le développement de nombreux modèles in vitro ne l’empêchaient pas de toujours replacer nos connaissances dans le cadre des grandes fonctions physiologiques.

 

Elle fut, pour des générations de chercheurs de neuroendocrinologie et de biologie cellulaire, comme pour moi-même, un exemple remarquable et une figure tutélaire bienveillante.

 

Décembre 2021

 

Professeur Alain Enjalbert

CHU de Marseille

Président de la SFE 2007-2008