Hommage à Paul ROBEL

 

C’est avec une grande tristesse que la Société Française d’Endocrinologie a appris le décès du Dr Paul Robel le mardi 19 février 2020. Médecin et chercheur en endocrinologie et neurosciences, directeur de recherche émérite au CNRS, il travaillait dans le laboratoire Maladies et hormones du système nerveux (UMRS n°XX)

 

Médecin endocrinologue, Paul Robel a été une des grandes figures de la recherche sur les hormones stéroïdes. Après avoir commencé sa carrière comme attaché de recherche au CNRS en 1960 il devient chargé de recherche en 1963, puis fonde avec Etienne-Émile Beaulieu, avec qui il a travaillé une cinquantaine d’années, le laboratoire des hormones stéroïdes, unité 33 de l’INSERM, à l’hôpital de Bicêtre et a dirigé l’équipe de recherche 125 du CNRS. Il consultait comme médecin dans le service du d’endocrinologie du Pr. Gilbert Schaison à Bicêtre.

 

A bien des égards, Paul Robel a été un précurseur. Sa première contribution majeure remonte à 1965 lorsqu’il découvre la sécrétion du sulfate de déhydroépiandrostérone (DHEA) par les glandes surrénales. Il continue sur cette voie en caractérisant le métabolisme des androgènes in vivo, le métabolisme et l’action des androgènes dans la glande prostatique en culture organotypique, le récepteur des androgènes et sa régulation dans la prostate, les récepteurs de l’estradiol et de la progestérone dans l’endomètre humain normal et pathologique. Il découvre les neurostéroïdes, et démontre leur synthèse dans le cerveau, caractérise leur action et leur mécanisme d’action dans la neuromodulation et dans le comportement (agressivité, rétention mnésique), et propose un rôle dans la réparation des lésions et prévention des déficits liés au vieillissement. Ces derniers travaux le conduisent à fonder la biotech MAPREG (microtubule-associated protein/neurosteroidal pregnenolone) en 2000, toujours aux côtés d’Étienne-Émile Beaulieu.

 

Grâce à sa créativité scientifique et son enthousiasme communicatif, Paul Robel a publié plus de 150 articles originaux dans des revues scientifiques internationales ou des ouvrages. Il a également obtenu de nombreux prix scientifiques et distinctions, notamment le prix Paris créé en 1979 par la Ligue Nationale Contre le Cancer, le prix Bréant de l’Académie des sciences en 1986 et a été nommé Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1991. Il a été cofondateur de la Société Européenne d’Urologie Oncologique et Endocrinologique (ESUOE, actuellement ESUR) et Président-fondateur de l’Association de la recherche sur les tumeurs prostatiques (ARTP). Il a eu une part active dans la Société Française d’Endocrinologie et fut membre de la Société de Neuroendocrinologie. Il fut un éminent évaluateur de la science dans la section de pathologie expérimentale du CNRS (1964-1968) puis comme vice-président (1975-1978) et président (1982-1986) de la commission scientifique spécialisée n°4 (régulations hormonales) de l’INSERM. Paul est toujours resté simple, discret malgré ses responsabilités, à l’écoute de tous les jeunes chercheurs qui lui demandaient conseil. Il va beaucoup manquer à la communauté scientifique.