Prise de position de l’ESE sur l’importance de l’expérimentation animale

 

 

La Société Européenne d’Endocrinologie (ESE) se mobilise pour alerter l’Union Européenne du danger de stopper toute expérimentation animal pour les recherches scientifiques.

Cette initiative citoyenne européenne (ICE) a été discutée en détail le 25 mai et le 10 juillet au sein du Parlement européen, avec la participation de la Commission européenne. L’ESE a publié cette déclaration à l’intention des différentes directions de la Commission. La Commission européenne publiera une réponse officielle à l’ICE dans le courant du mois.

« Le rôle central de l’expérimentation animale dans le développement des médicaments et dans l’identification et l’évaluation des perturbateurs endocriniens »

La Société Européenne d’Endocrinologie (ESE) se sent obligée de commenter l’initiative citoyenne européenne (ICE) récemment adoptée sur le thème « Save Cruelty Free Cosmetics – Commit to a Europe without animal testing ». En tant que membre de l’Alliance Biomed en Europe, l’ESE a déjà apporté sa contribution à la troisième partie de l’initiative « Moderniser la science dans l’UE ». Comme le souligne la déclaration de l’Alliance Biomed en Europe, la proposition d’élimination progressive de toute l’expérimentation animale dans l’UE aura un effet préjudiciable sur la recherche biomédicale et entravera considérablement la recherche sur les caractéristiques et l’évolution des maladies et le développement de nouvelles options thérapeutiques nécessaires aux patients.

L’ESE souhaite également exprimer son inquiétude quant à la deuxième partie de l’initiative visant à « moderniser la science dans l’UE » et plus particulièrement à « garantir la protection de la santé humaine et de l’environnement en gérant les produits chimiques » sans ajouter de nouvelles exigences en matière d’expérimentation animale. Bien que la cause soit noble, l’initiative ne tient pas compte du rôle crucial que l’expérimentation animale continue de jouer dans l’identification et l’évaluation des produits chimiques ayant des propriétés de perturbation endocrinienne, un domaine de recherche spécifique sur lequel l’ESE souhaite mettre l’accent dans cette déclaration.

Ces perturbateurs endocriniens, qui comprennent les bisphénols, les phtalates et les PFAS, parmi d’autres produits chimiques commercialisés, sont omniprésents dans l’environnement et provoquent de graves effets néfastes sur les systèmes endocriniens, entraînant des maladies telles que l’infertilité, le diabète, le cancer et l’altération du développement neurologique. Les effets sur la santé suite à l’exposition aux EDC sont très répandus et causent des dégats dans toute l’Union européenne, tant chez l’homme que chez l’animal. L’identification et l’évaluation des EDC sont essentielles pour améliorer la santé publique dans l’UE et au-delà. Il est important de noter que les critères scientifiques actuels pour l’identification d’une substance chimique en tant que SAE dans l’UE requièrent des preuves de l’effet nocif sur un organisme animal intact. L’interdiction de l’expérimentation animale empêcherait donc l’identification des produits chimiques en tant que SAE.

Actuellement, les essais sur les EDC doivent toujours être effectués sur des animaux intacts, car les méthodes in vitro/silico disponibles ne sont pas encore suffisamment prédictives. Le système endocrinien est un mécanisme extrêmement complexe, dans lequel les différentes glandes, les hormones qu’elles produisent et les cellules, tissus et organes cibles font tous partie d’une interaction délicate. De petit changement dans un système hormonal peut avoir un impact sur d’autres systèmes hormonaux. Ces interactions complexes nécessitent des modèles animaux pour évaluer pleinement l’impact des facteurs externes, qu’il s’agisse de produits chimiques présents dans l’environnement ou dans le cadre du développement de nouveaux traitements pharmacologiques. Le système métabolique, par exemple, est difficile à reproduire. Néanmoins, les approches de criblage in vitro sont nécessaires pour réduire le nombre d’EDC justifiant d’être tester dans des modèles in vivo et pour clarifier les mécanismes d’action sous-jacents.

Notre communauté comprend très bien et partage les préoccupations de la société en ce qui concerne l’expérimentation animale et soutient fermement l’intensification des efforts visant à développer et à adopter des approches alternatives, y compris pour l’identification des EDC. En tant que représentant de plus de 22 000 endocrinologues européens, incluant de nombreux chercheurs cliniciens et fondamentalistes, l’ESE soutient les 3R et croit fermement que l’expérimentation animale ne devrait être appliquée qu’en cas de nécessité scientifique, lorsque les méthodes alternatives ne permettent pas d’obtenir les mêmes résultats.
Ainsi, nous soutenons la poursuite de l’expérimentation animale nécessaire à l’avancement de la recherche endocrinienne, à l’identification des EDCs ainsi qu’au développement de nouveaux traitements au bénéfice des patients.

Retrouvez l’annonce de l’ESE.