Radiothérapie des adénomes hypophysaires: quels risques ?
Marie PUERTO, Bordeaux
D’après la communication SY-012 de Frédéric Castinetti (Marseille)
Il y a t-il des risques à proposer la radiothérapie des adénomes hypophysaires ?
La radiothérapie des adénomes hypophysaires est utilisée pour permettre leur contrôle tumoral et / ou sécrétoire. Ses bénéfices bien connus sont cependant contrebalancés par de potentiels risques qui restent parfois difficiles à préciser.
Le risque de déficit anté-hypophysaire, estimé entre 10 et 30 % selon les études, est maximal entre 5 et 10 ans après la radiothérapie. Ce risque est corrélé principalement à la dose délivrée. La distance à l’hypothalamus de la lésion ciblée a été rapportée comme un facteur de risque supplémentaire. Il n’y a pas de données très convaincantes pour un risque plus important selon les modalités de radiothérapie choisies.
Le risque de tumeur radio-induite a été évalué dans le registre KIMS sur une population de 8917 patients traités entre 1994 et 2012 pour une tumeur de la selle turcique, dont 3236 par radiothérapie. 17 cas de tumeur malignes ont été rapportés au total, 13 dans le groupe des patients irradiés et 4 dans le groupe des patients non irradiés et 22 méningiomes ont été rapportés, tous dans le groupe radiothérapie. Au total, il existait un risque relatif (RR) de 3.3 de développer une tumeur maligne et un RR de 4 pour les méningiomes ; mais un risque absolu restant faible. Une seconde étude, publiée en 2022 par Hamblin et al., comportant 996 patients ayant reçu une radiothérapie pour tumeur de la selle turcique et 2683 patients contrôles, retrouvait une probabilité de tumeur cérébrale similaire dans les deux groupes à 10 ans, 0.9%. A 20 ans, il existait un sur-risque de tumeur secondaire dans le groupe de patients irradiés : 4% vs 2% dans le groupe des patients non irradiés.
Le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) reste très difficile à évaluer, en l’absence de donnée dans la littérature dédiée aux radiothérapies de la selle turcique. Un risque potentiel est vraisemblable, du fait de l’effet fragilisant connu de la radiothérapie sur la paroi artérielle, et d’un sur-risque d’AVC connu dans les radiothérapies cérébrales.
Le risque de déficit neurocognitif reste également peu évalué dans l’hypophyse. Un PHRC de 2021 de l’équipe du Pr Castinetti a étudié prospectivement les troubles neurocognitifs survenus chez des patients acromégales, ne présentant plus d’hypersomatotropisme depuis au moins 5 ans, irradiés pour 27 d’entre eux, ou non irradiés pour 37 autres. Il n’a pas été retrouvé de différence significative entre les deux groupes, sauf pour les troubles de l’attention.
En conclusion, les bénéfices certains de la radiothérapie des adénomes hypophysaires sont corrélés à des risques vraisemblables dont les mieux évalués sont le risque de déficit anté-hypophysaire, et celui de risque de tumeur secondaire radio-induite, de l’ordre de 4% à 20 ans.